Un regain d'optimisme

Op-ed - June 25, 2007 - By Matthew Bramley

Published in La Presse (June 25, 2007)

Le récent sommet des pays du G8 permet un certain regain d'optimisme quant à la capacité des pays à s'entendre dans la lutte contre les changements climatiques. Le G8 vient, en effet, de faire de la prochaine conférence des Nations unies sur le climat la plus importante depuis celle de Kyoto, où on a adopté le célèbre protocole en 1997. Cette prochaine conférence aura lieu à Bali (Indonésie) en décembre.

Le G8 a fait une percée sur deux points. Les huit dirigeants, George W. Bush compris, se sont entendus sur la date limite de 2009 pour conclure un nouvel accord mondial sur la réduction des gaz à effet de serre après 2012, année où la première phase du protocole de Kyoto prendra fin. De plus, ils ont décidé de négocier ce nouvel accord sous l'égide des Nations unies, et de commencer le travail à Bali.

Pourquoi ces décisions sont-ils si significatives? D'abord, une date limite est essentielle pour forcer l'aboutissement de négociations. Les ministres réunis à Kyoto en 1997 savaient que s'ils revenaient les mains vides, le prix politique à payer serait trop élevé. Et 2009 est le bon moment pour adopter Kyoto II. Si l'accord était adopté plus tard, il risquerait de ne pas être ratifié par assez de pays pour avoir force de loi au moment de l'expiration de Kyoto I. Cela créerait un vide juridique dommageable pour le climat et pour les marchés.

Avant le sommet du G8, le président Bush refusait de participer aux négociations onusiennes. Il a même annoncé que les Etats-Unis lanceraient un nouveau processus de discussions sur les GES à l'extérieur des Nations unies, réservés aux 15 pays qui en émettent le plus. Négocier dans le cadre des Nations unies est pourtant essentiel pour des raisons d'équité et d'urgence.

En premier lieu, cela donne une voix aux pays en développement qui font face aux plus graves dommages climatiques. En second lieu, les Nations unies ont mis 15 ans à élaborer des éléments clés d'un cadre mondial de réduction de GES, tel que le marché du carbone. Revenir sur ces éléments pourrait mener au gaspillage d'années de travail. Heureusement, M. Bush a accepté de subordonner son nouveau processus à celui des Nations unies.

Beaucoup reste à faire, cependant, pour que la conférence de Bali nous donne de l'espoir d'éviter les pires dommages climatiques. Premièrement, il faut voir si les grands pays en développement, comme la Chine et l'Inde, sont prêts a s'engager, dans le cadre de Kyoto II, à ralentir significativement la croissance de leurs émissions. Là-dessus, il y a eu des paroles encourageantes dans les déclarations récentes de ces pays.

À Bali il faudra commencer à parler chiffres, et c'est là où le sommet du G8 a déçu. Les Etats-Unis et le Canada ont refusé d'endosser une limite du réchauffement planétaire moyen de 2ºC (par rapport au niveau pré-industriel). D'abondantes études scientifiques suggèrent pourtant la nécessité de cette limite, fortement appuyée par l'Union européenne. Pour la respecter, les émissions mondiales de GES devront cesser d'augmenter au plus tard en 2020, et atteindre, en 2050, un niveau plus de 50% inférieur à celui de 1990. Mais les pays du G8 n'arrivaient pas à s'entendre sur cette réduction de 50%.

Ce ne sera évidemment pas suffisant non plus qu'un Kyoto II établisse des objectifs pour 2050 seulement. Il faudra des objectifs contraignants pour le court et le moyen termes afin de pousser les gouvernements à poser les gestes immédiats sans lesquels les objectifs pour 2050 deviendront inatteignables.

Le Canada, lui, n'est pas actuellement en très bonne posture pour Bali. M. Harper affirme que son objectif pour 2050 est compatible avec une réduction de 50% des émissions mondiales, mais cela n'a pas de sens lorsqu'on tient compte de notre niveau très élevé d'émissions par personne et du besoin de laisser de la place à la croissance des pays en développement. Pire encore, une série d'analyses publiées au cours des dernières semaines démontrent que le cadre réglementaire fédéral, annoncé en avril, est tellement faible qu'il ne permettra probablement pas capable d'arrêter la croissance des émissions canadiennes d'ici 2020.

Beaucoup d'embûches, donc, nous attendent encore sur la route menant à Bali et à Kyoto II.


Matthew Bramley
Matthew Bramley

Matthew Bramley was with the Pembina Institute from 2000 to 2011, serving as director of the climate change program and director of research.


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