Vraiment trop peuLe gouvernement Harper devrait passer des calculs politiques aux calculs scientifiques

Op-ed - April 28, 2007 - By Matthew Bramley

Published in La Presse (April 28, 2007)

Avec sa nouvelle politique sur la pollution atmosphérique, le gouvernement Harper entre en collision avec la science des changements climatiques et les pays qui s'efforcent de la respecter.

Les analyses scientifiques indiquent qu'une hausse moyenne de la température planétaire de plus de deux degrés Celsius nous amènerait dans une zone d'impacts catastrophiques. Pour l'éviter, il faudra ramener les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) à un niveau de 30 à 50 % inférieur à celui de 1990 d'ici 2050.

Les pays développés doivent forcément faire plus, puisque nos émissions par habitant dépassent de loin celles des pays pauvres et puisque nous avons une bien plus grande capacité à agir. Selon les analyses, les pays développés devront ramener leurs émissions à un niveau inférieur de 80 % à celui de 1990, d'ici 2050. Et afin de pouvoir y arriver, nous devrons réduire nos émissions de 25 % par rapport au niveau de 1990, d'ici 2020.

Or, selon la nouvelle politique fédérale, les émissions canadiennes de GES se situeront toujours au-dessus du niveau de 1990 en 2020. Le Canada envoie donc deux messages possibles. Ou bien nous croyons que des impacts catastrophiques sont acceptables, ou bien ce sont les autres pays qui devront effectuer des réductions d'émissions supplémentaires pour compenser celles que nous ne voulons pas faire. Logiquement, ce doit être l'un ou l'autre.

Le gouvernement Harper a rejeté d'entrée de jeu l'objectif de la première phase du Protocole de Kyoto, celle qui prend fin en 2012. Maintenant, avec son nouvel objectif pour 2020, le gouvernement écarte la possibilité d'une phase subséquente de Kyoto respectueuse des connaissances scientifiques. L'Union européenne s'engage à réduire ses émissions de 30 % par rapport au niveau de 1990, d'ici 2020, si les autres pays développés font leur part. Le Canada vient d'y opposer un « non » cinglant.

Pour ce qui est des industries lourdes, responsables de la moitié des émissions canadiennes, le cadre réglementaire dévoilé jeudi dernier ne nous permet pas d'avoir confiance qu'elles contribueront adéquatement. Au cours des premières années, les compagnies pourront combler le gros de leurs obligations en faisant des versements dans un « fonds technologique » plutôt que de réaliser des réductions d'émissions immédiates. Ces versements se feront à un taux qui n'incitera pas à investir dans des technologies permettant de réduire radicalement les émissions, comme le captage du gaz carbonique. Et en 2012 tous les objectifs s'appliquant aux industries seront sujets à révision.

Selon plusieurs analystes, les orientations environnementales du gouvernement Harper sont déterminées par des calculs politiques. Il vaudrait mieux qu'on les remplace par des calculs scientifiques.


Matthew Bramley
Matthew Bramley

Matthew Bramley was with the Pembina Institute from 2000 to 2011, serving as director of the climate change program and director of research.


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